C’est avec consternation que les maires et mairesses de la MRC de Roussillon ont pris connaissance du reportage d’Enquête du 3 février dernier concernant le recyclage du papier canadien et les exportations de ballots contaminées en Inde.

« Exporter de la pollution, c’est inacceptable! Ça l’est d’autant plus dans les pays en voie de développement où les communautés sont d’autant plus fragiles. C’est un enjeu mondial, mais nous devons nous y attaquer localement. Nous avons tous une part de responsabilité et nous entendons continuer à suivre la situation de très près », s’insurge Christian Ouellette, préfet de la MRC et maire de Delson.

Pour la gestion des matières recyclables, la MRC est responsable de la collecte, du transport, du traitement et du conditionnement de ces matières. Elle suit les camions jusqu’au centre de tri grâce aux GPS sur les véhicules ainsi qu’à l’aide de ses inspecteurs sur le terrain. Elle fait des contrôles ponctuels au centre de tri afin de s’assurer du respect de ses contrats et du tri adéquat des matières recyclables. Dans le système québécois de collecte sélective actuel, les matières recyclables deviennent la propriété du centre de tri une fois que ces matières sont collectées par les camions.

Les villes de la MRC ont un pouvoir règlementaire sur les matières en circulation : la vaste majorité d’entre elles ont d’ailleurs banni les sacs de plastique à usage unique dès 2019. La Ville de Châteauguay prévoit d’adopter ce règlement lors de la prochaine séance du Conseil : « Dès l’entrée en fonction du nouveau conseil, les membres ont tenu à rectifier la situation en adoptant rapidement un règlement pour interdire les sacs de plastique à usage unique. Un avis de motion en ce sens a d’ailleurs été déposé à la séance du 24 janvier dernier. L’environnement est une priorité pour nous : de concert avec la MRC, nous allons utiliser tous les leviers à notre disposition pour optimiser la gestion des matières recyclables sur notre territoire », précise le maire de Châteauguay, Éric Allard.

Les citoyens aussi ont un rôle à jouer pour réduire les déchets à la source. À cet égard, la MRC multiplie les campagnes de sensibilisation pour mettre l’accent, dans l’ordre, sur la réduction, le réemploi, le recyclage et la valorisation. La campagne de réduction des plastiques à usage unique + vert, un geste à la fois s’inscrit dans cette perspective. Elle vise notamment à accompagner les commerces et les organisateurs d’événements dans la réduction des plastiques. Une campagne de sensibilisation grand public est aussi prévue ce printemps.

Finalement, il revient au gouvernement fédéral de légiférer sur les exportations, et le ministre fédéral de l’Environnement a annoncé qu’il entend travailler à éradiquer ce type d’exportations polluantes. Le programme de collecte sélective est quant à lui en cours de modernisation par le gouvernement du Québec : d’ici 2025, les entreprises qui mettent en marché des contenants, emballages et imprimés seront responsables de financer et de rendre performante la collecte de bacs bleus. Ce nouveau système favorisera l’économie circulaire en responsabilisant les entreprises dans la mise en place de solutions locales.

« Nous faisons tous partie de la solution. Et notre première responsabilité : refuser les matières suremballées et nous assurer de réduire la quantité de matières que nous générons collectivement. C’est ensemble que nous relèverons ce défi, un geste à la fois », a conclu Sylvain Payant, maire de Saint-Isidore et membre du comité de gestion des matières résiduelles.

En 2019, la MRC de Roussillon a octroyé le contrat de collecte, de transport, de tri et de conditionnement des matières recyclables à TIRU à la suite d’un appel d’offres public sur lequel il a été le seul fournisseur à soumissionner. En 2020, TIRU a vendu tous ses actifs à l’entreprise Ricova dont le contrat avec la MRC prendra fin en 2024.